Notions de prospective

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Introduction à la prospective : comprendre, modéliser et anticiper les futurs possibles

Dans un monde marqué par l’incertitude, la multiplication des crises et l’accélération des innovations, la prospective apparaît comme un outil essentiel pour éclairer l’action. Il ne s’agit pas de prédire l’avenir, mais d’explorer les futurs possibles afin de mieux se préparer, d’identifier les risques, de saisir des opportunités et d’imaginer des stratégies robustes.

Pour bien entrer dans cette discipline, il est utile de comprendre ses principes fondamentaux : la notion de système, la modélisation en facteurs et variables, les tendances, les événements, les signaux et le rôle des acteurs. Le présent article introduit ces notions de manière progressive, illustrée d’exemples.


1. Le principe de la prospective : explorer des futurs possibles

La prospective vise à définir un système (par exemple : un secteur d’activité, une ville, un marché, un écosystème social) puis à en explorer les futurs possibles à l’horizon d’un certain nombre d’années.

Comment explore-t-on ces futurs ?

En construisant des scénarios, c’est-à-dire des ensembles cohérents d’hypothèses permettant d’imaginer différents états futurs du système.

À quoi cela sert-il ?

À élaborer des stratégies adaptées, afin d’atteindre des futurs jugés favorables ou d’éviter ceux qui le seraient moins.

Exemple : Une région littorale soumise au risque de montée des eaux peut créer plusieurs scénarios pour 2050 :

  • Scénario 1 : montée modérée, adaptation progressive.
  • Scénario 2 : montée rapide, déplacement d’infrastructures.
  • Scénario 3 : montée très forte, nécessité d’un repli stratégique massif. Chacun de ces scénarios implique des décisions différentes dès aujourd’hui.

2. Modéliser un système : facteurs et variables clés

Pour imaginer l’avenir d’un système, il faut d’abord le modéliser. Cela implique de le décomposer en facteurs, eux-mêmes décomposés en variables clés.

  • Un facteur est un grand domaine structurant (ex : démographie, économie, technologie).
  • Une variable clé est un élément mesurable ou descriptif qui fait évoluer le facteur.

Exemple : Système : la mobilité urbaine.

  • Facteur « technologie »

    • Variables clés : adoption des véhicules électriques, coût des batteries, efficacité de l’IA dans les transports.
  • Facteur « société »

    • Variables clés : préférence pour les modes doux, télétravail, rapport à la voiture individuelle.

L’évolution combinée de ces variables permet de reconstituer celle du système dans son ensemble.


3. Comment évoluent les variables prospectives ?

Les variables ne suivent pas toutes les mêmes trajectoires. Leur évolution peut être :

  • Tendancielle, poursuivant une direction à long terme.
  • Cyclique, avec des phases de hausse et de baisse.
  • Erratique, difficile à prévoir.
  • En paliers, avec des étapes stables suivies de changements brusques.
  • Changer soudainement de dynamique en réaction à un événement.

De plus, les variables sont souvent interdépendantes : l’évolution de l’une influence celle des autres.

Exemple : Dans le domaine de l’énergie :

  • Le prix du pétrole suit parfois des cycles.
  • L’équipement en panneaux solaires suit une tendance haussière.
  • Les innovations de rupture (comme une nouvelle batterie ultra-efficace) créent des paliers et des accélérations.
  • Une guerre ou un embargo constitue un événement qui modifie brutalement l’évolution “normale” des variables.

4. Tendances, événements et signaux : les moteurs et les indicateurs du changement

4.1 La tendance

Une tendance est une évolution à long terme dans une direction donnée. Elle n’est pas éternelle, mais elle est suffisamment stable pour servir de base à la réflexion.

Exemple : La tendance au vieillissement de la population en Europe influence la santé, l’emploi, les retraites, l’immobilier, etc.


4.2 L’événement

Un événement est quelque chose qui pourrait se produire dans le futur, avec une certaine probabilité et un impact sur le système. Il provoque souvent un changement de trajectoire.

Exemples :

  • Une découverte scientifique majeure (comme une nouvelle thérapie révolutionnaire).
  • Une catastrophe naturelle.
  • Une nouvelle loi structurante.

Ces événements peuvent amplifier, freiner ou inverser les tendances existantes.


4.3 Les signaux : indices d’un futur en formation

Un signal est une observation indiquant un changement futur. C’est comme un petit “indice” qui annonce ce qui pourrait advenir.

Il en existe trois types :

  1. Signaux faibles : Subtils, difficiles à interpréter, mais potentiellement révélateurs d’un grand changement à venir. Exemple : les premiers hackers dans les années 1980 – signaux faibles d’une société numérique.

  2. Signaux forts : Visibles, manifestes, confirmant ou prolongeant les tendances existantes. Exemple : l’augmentation massive des ventes de vélos dans les villes européennes depuis 2020 confirme la tendance vers la mobilité douce.

  3. Signaux trompeurs : Très visibles mais sans fondement solide. Ils mettent sur de fausses pistes. Exemple : une mode éphémère présentée comme une révolution durable.

La capacité à distinguer ces signaux est l’une des compétences clés du prospectiviste.


5. Le rôle des acteurs : influence et dépendance

Dans tout exercice prospectif, il est essentiel de repérer les acteurs, c’est-à-dire les personnes, organisations ou groupes concernés par certaines variables parce qu’ils les influencent ou les subissent.

Exemple : Dans la transition énergétique :

  • Les gouvernements influencent les variables via les réglementations.
  • Les entreprises du secteur énergétique influencent le rythme de l’innovation.
  • Les citoyens subissent ou encouragent certaines tendances par leurs comportements.

Comprendre les acteurs permet d’identifier les leviers d’action et les conflits potentiels.


Conclusion : vers une démarche stratégique éclairée

La prospective n’est pas un exercice abstrait : c’est un cadre méthodologique pour comprendre les dynamiques du changement et imaginer des futurs cohérents. En définissant un système, en analysant ses variables, en observant tendances et signaux, et en intégrant les acteurs concernés, on peut construire des scénarios robustes et éclairer la décision stratégique.

Cette introduction constitue une base solide pour aborder ensuite les méthodes plus avancées de la prospective : analyses structurelles, scénarios contrastés, matrices d’impacts croisés, ateliers créatifs, etc.